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Nous sommes quelque chose de plus que nos idées.

Dr Prudence Lon Weygand (n° 5)

Membre de l’équipage original de la nef Terra.

 

Twisp le vieux Zavatarien regardait le Directeur en train d’observer les rapraps qui rongeaient un vieux capucin jusqu’à l’os. Le spectacle lui rappela le temps où il était un simple pêcheur sur la mer. Les derniers effets de la poussière de spores bleue ravivèrent en lui le souvenir des bancs de skats qu’il avait connus, capables de dévorer en un clin d’œil des makis faisant plusieurs milliers de fois leur taille. Twisp avait un solide respect pour les skats et pour les rapraps.

Ces petits bandits à fourrure !

Une chose, à leur propos, qui le faisait toujours sourire était leur fragile pénis qui se détachait durant l’accouplement, laissant planté dans la femelle un bouchon de chair que son corps absorbait ensuite. Ainsi, le sperme ne pouvait plus ressortir et les autres courtisans éventuels ne pouvaient plus entrer. La survie génétique du premier arrivé était assurée. Le mâle ne devait attendre que quelques semaines pour qu’un nouveau pénis repousse, mais le délai était suffisant pour l’empêcher de se reproduire deux fois au cours du même cycle.

Une sorte de jeu s’était répandu, parmi beaucoup de Pandoriens, aux dépens des rapraps. Il consistait à prendre un de ces animaux au piège et à lui arracher son pénis. Cette partie de son anatomie était considérée comme un mets délicat et la rumeur disait que le Directeur l’appréciait pour accompagner sa salade. Mais il n’était pas facile de prendre un raprap isolé au piège et plus d’un Pandorien, ayant généralement trop bu, avait retiré du filet une main où il n’y avait plus que des moignons à la place des doigts.

Les petits animaux faisaient penser à une bande de voleurs avec leur masque noir en travers de leur museau frémissant et leur habitude de maintenir toujours au moins la moitié de la meute en alerte. Twisp ne connaissait aucun cas où ils avaient attaqué des humains sans être attaqués les premiers. Mais quand ils décidaient de le faire, c’était avec une furie et un acharnement qui vous glaçait le sang. Il ne souhaitait pas explorer les limites de leur patience.

Twisp admirait les rapraps pour la manière dont ils se serraient les coudes. Un seul rap affamé était quelque chose qui n’existait pas. Ou toute la meute avait faim, ou aucun n’avait faim. Les Enfants de l’Ombre disaient toujours que le peuple de Pandore réagirait comme les rapraps lorsque le moment viendrait.

— Le moment est venu, murmura Twisp entre ses dents tout en continuant d’observer Flatterie.

Son murmure fut englouti par le vent. Il y avait juste encore assez de poussière de spores dans ses veines pour créer un fond sonore musical autour des rafales de plus en plus fortes.

« Ouiii ! », lui soufflait le vent des Hautes Marches comme il l’avait toujours fait en mer. Il n’y avait guère qu’à l’intérieur, derrière les portes verrouillées et les baies de plaz, qu’il avait jamais entendu le vent gémir : « Nooon ! » La première fois, c’était presque trente ans auparavant, en compagnie d’une femme qu’il ne parvenait pas à oublier. Le vent avait eu raison à ce moment-là et les larges épaules de Twisp s’affaissèrent un peut quand il se rendit compte qu’il avait raison cette fois-ci encore.

La meute des rapraps avait achevé son festin. La plupart se tenaient dressés sur leur corps frêle, flairant le vent et bâillant. Le rose de leur langue apparaissait par intermittence tandis qu’ils se pourléchaient leur museau roux.

Twisp avait entraîné ses moines en pensant aux skats et aux rapraps. Les Zavatariens isolés, tout comme les Ombres dans chaque colonie, étaient parés, prêts à se battre et prêts à supporter la famine. Et cependant, il cherchait désespérément un autre moyen de vaincre.

Il demanda au vent :

— Comment faire pour sauver en même temps le peuple et Flatterie ?

Une accalmie glacée figea alors l’après-midi.

Twisp avait depuis longtemps remarqué que le Directeur cultivait certaines espèces et en éliminait d’autres. Une observation attentive portait toujours ses fruits. Twisp connaissait tous les terriers secrets des rapraps, avec leurs milliers d’entrées à la surface. C’était ce genre de patience et d’observation des détails qui leur serait utile, il le savait, quand viendrait le moment de détourner l’impact cruel de Flatterie et de sa machine infernale.

Au-delà de la scène de carnage en miniature qui s’était déroulée devant lui, la grande scène du massacre des habitants du village par les flammes s’étendait en éventail à partir des ruines encore fumantes de la Colonie. Et tandis que les vents de l’après-midi rassemblaient leurs forces pour la tourmente quotidienne, la faim, une fois de plus, unissait Pandore contre son ennemi le plus terrible et le plus sournois. Twisp regardait les inévitables hordes de réfugiés commencer en trébuchant à chaque pas l’ascension de la piste qui menait, toutes les rumeurs le disaient, vers la sécurité relative des Hautes Marches.

De nouvelles recrues pour les Enfants de l’Ombre.

Mais le sourire au coin de ses lèvres n’avait rien de joyeux. Les Pandoriens n’avaient jamais eu l’âme guerrière. Il y avait toujours eu trop de démons et trop peu d’humains sur cette planète. Malgré la faim qui les tenaillait, les Pandoriens éprouvaient de la réticence à prendre les armes contre leurs semblables. Flatterie payait ses forces de sécurité, et il les payait même très cher, pour qu’elles se battent contre d’autres humains. La maladie que Twisp avait cru tuer dans l’œuf, des années auparavant, s’était en réalité propagée, sous le règne de Flatterie, comme une épidémie.

— Moi aussi, fit Twisp à haute voix, j’ai cru en lui, au début. Était-ce mal ?

Il savait, avant de l’entendre, ce que le vent allait lui répondre. Il avait été paresseux et négligent, il avait espéré que quelqu’un d’autre prendrait les choses en main. Comme tous les autres, il n’avait désiré qu’une chose, mener une existence paisible, simple et sans problèmes.

La patience de Twisp avait été aussi élimée que sa robe de moine. Durant près de vingt-cinq ans, il avait espéré que Pandore secouerait le fardeau de faim et de terreur imposé par le Directeur. L’espoir, il le savait, avait encore moins de substance que les rêves. L’espoir impliquait l’attente et trop de Pandoriens affamés ne pouvaient s’offrir le luxe d’attendre. C’était une sentence de mort, et le temps jouait le rôle de l’accusation.

Quand Flatterie s’était emparé du pouvoir, il avait d’abord fait en sorte de s’assurer le contrôle de la Compagnie Sirénienne de Commerce, puis de tout le secteur de la distribution alimentaire. Il avait acquis ensuite le monopole des transports et des communications à travers la planète. Cela s’était accompli dans un bain de sang. Plusieurs amis de Twisp, qui dirigeaient, notamment, la Sirénienne de Commerce et le Contrôle des Courants, avaient trouvé la mort dans des circonstances douteuses.

Trop d’accidents. Trop de coïncidences.

Il lutta contre la sensation familière de boule au fond de la gorge. Ils avaient tous été jeunes et naïfs, et aucun d’entre eux n’avait jamais eu une chance contre la ruse sournoise et délibérée du Directeur. Aujourd’hui, comme précédemment, il n’y avait que Flatterie qui pouvait se permettre d’attendre.

Quelle ironie ! Ceux qui peuvent se payer le luxe d’attendre sont les seuls qui n’aient pas besoin de le faire. Je me demande s’il a encore quelque chose à espérer.

— L’Ancien !

Twisp éprouva de l’agacement en entendant derrière lui la voix essoufflée de Mose. Il bouillait assez d’impatience comme cela sans que le jeune moine vienne de surcroît le harceler ici.

— Qu’y a-t-il ?

Mose ne s’approcherait pas de l’arête rocheuse escarpée, donnant directement sur le vide, que Twisp occupait. Celui-ci le savait, tout comme il devait admettre que c’était un petit jeu qu’il jouait avec le jeune moine.

— Pourquoi restez-vous perché là ? demanda Mose d’une voix à l’accent plaintif.

— Pourquoi restes-tu en arrière ?

Twisp ne s’était pas encore retourné, mais il savait qu’il finirait par le faire.

— Ils vous demandent aux loges. C’est urgent. Ils font tout un remue-ménage dont je ne comprends pas bien les raisons.

Twisp demeura silencieux.

— M’avez-vous entendu, l’Ancien ? Toujours pas de réponse.

— Je vous en supplie, ne me faites pas aller encore jusque-là ! Vous savez que cela me hérisse les fanons d’une manière épouvantable !

Twisp gloussa intérieurement et se décida à suivre Mose jusqu’à l’entrée de la caverne. L’averse de l’après-midi commençait à tomber, de toute manière, et les grosses gouttes crépitaient comme une horde de rapraps détalant dans la garrigue. Il se doutait déjà de ce que le Quartier central avait dû décider. Qu’il était temps de cesser de se contenter de vagues espoirs et que Flatterie et ses pareils devaient s’en aller. Que le peuple se soulevait sans être préparé ni organisé. Que les Zavatariens et les Enfants de l’Ombre étaient les seuls à être en position et à détenir les moyens de garantir la chute du tyran. Que des milliers de gens devaient, une fois de plus, sacrifier leur existence aux causes plus importantes de la vie et, naturellement, de la liberté. Quand il n’y avait plus rien à perdre, il y avait toujours la faim.

— Viens avec moi au Quartier central, dit-il, et je te montrerai quelque chose qui te mettra les fanons dans le sens du poil. Tu seras le témoin d’événements terrifiants, je te le promets.

Twisp s’inclina à l’entrée de la caverne, en signe de respect, et s’avança à l’intérieur. Les ondulations de sa robe orange formaient un signal lumineux dans l’après-midi assombri de nuages.

La voûte intérieure, plongée dans la pénombre, était gardée par deux jeunes novices, un garçon et une fille, au crâne entièrement rasé, armés de lasers. Le garçon, qui devait avoir dans les quinze ans, avait la tête surmontée d’une crête osseuse qui le rendait plus grand que Twisp, bien que leurs yeux fussent à la même hauteur. La fille et lui portaient la combinaison-uniforme noire et cuirassée du Clan des Capucins. Ils étaient sur le qui-vive, l’œil alerte malgré leur attitude apparemment décontractée. Ensemble, ils firent basculer la porte de plastacier sur son cardan et laissèrent entrer les deux moines dans la caverne située sous les Hautes Marches.

Ce n’étaient pas les capucins et les platelles que cette lourde porte blindée voulait tenir à l’écart, mais le Directeur et ses forces de sécurité de Vashon. Au fil des années, Twisp lui-même était passé maître dans l’art de la sécurité. Les contacts des moines avec les F.S.V. avaient été rares et anodins. Les gardes de la sécurité considéraient les Zavatariens comme des êtres faibles et inoffensifs que la folie ou la drogue tirée du varech rendaient incapables de réagir.

— L’illusion est notre meilleure arme, disait toujours Twisp dans ses cours aux novices. Prenez un air hébété, fou, miséreux et repoussant. Qui voudra s’attaquer à vous ? La moisissure qui recouvre le fruit n’est qu’une apparence au début, mais elle est plus forte que lui à la longue.

La première grotte était celle que la sécurité de Vashon avait l’habitude d’inspecter régulièrement. Creusée à même le roc, elle abritait trois cents Zavatariens appartenant aux neuf clans. Ils prenaient leurs repas et se réunissaient dans les parties centrales de la caverne alors que les parois étaient couvertes d’un labyrinthe de niches d’habitation disposées sur trois niveaux et isolées par des tapisseries du bruit des voix qui résonnaient sous la voûte immense.

L’éclairage était fourni par les habituels luminaires à incandescence alimentés par quatre générateurs à hydrogène logés dans le sous-sol de la caverne. L’aspect présenté par tout cela était si primitif et si sordide que les inspecteurs envoyés par la sécurité s’attardaient rarement assez longtemps pour jeter plus qu’un simple coup d’œil de routine aux installations. C’était dans cette grotte que vivait Mose. Twisp y avait également une niche – au troisième niveau, à droite de l’entrée principale – mais il y dormait rarement. Depuis plus d’un an, il s’était installé dans la grotte privée que les Enfants de l’Ombre appelaient le « Quartier central ».

Il grimpa, suivi de Mose, jusqu’au second niveau où il passa, en franchissant une vieille tenture îlienne, à l’intérieur d’une alcôve dont l’aspect n’était pas fait pour attirer l’attention, excepté peut-être celle de jeunes enfants en quête d’un recoin où se cacher pour jouer. Il s’approcha d’une paroi de basalte gravée de symboles complexes se rapportant aux humains et à leurs rapports avec le varech. La section devant laquelle il se pencha avait pour titre : « L’Effet Lazare ». Il s’agissait d’un large bas-relief représentant une main humaine dont l’index se tendait pour toucher un thalle de varech en train d’émerger de l’océan.

Twisp tira sur l’index pour l’écarter de la paroi. Avec le snap d’un poignard quittant son fourreau, tout un pan de roche pivota sur lui-même. Quand les responsables du Quartier central se réunissaient pour discuter d’affaires concernant les Zavatariens, ils le faisaient à l’intérieur du labyrinthe rocheux qui se trouvait derrière cette paroi. De nombreux signes de réfection témoignaient de l’instabilité géologique de Pandore et les passages changeaient continuellement. Rares étaient ceux qui les connaissaient vraiment et personne ne les connaissait aussi bien que celui qui était à la tête du Quartier central, l’Ilien Twisp.

Mose déglutit et son visage devint blême. De nombreuses rumeurs couraient à propos des milliers de villageois et de réfugiés ordinaires qui étaient venus demander asile aux Zavatariens et que l’on n’avait jamais plus revus. Mose lui-même avait vu des centaines de personnes entrer dans la grande caverne qui se trouvait derrière eux pour ne plus jamais ressortir. Le Quartier central les appelait les « ambassadeurs des pauvres » et laissait entendre qu’ils étaient redispersés un peu partout dans le monde. Mose n’avait jamais eu la moindre preuve que ces rumeurs fussent fondées. Mais il devait admettre qu’il était né et avait passé la totalité de sa modeste existence à moins de cinq kilomètres de l’endroit où il se tenait maintenant.

Ils ne repassent plus jamais par cette porte !

En voyant l’effroi qui se peignait sur le visage du jeune moine, Twisp sourit.

Je ne sais pas pourquoi j’aime tant le taquiner. Je me souviens que Brett prenait si bien la chose…

Il secoua la tête. Il était stérile de repenser comme il le faisait à son jeune associé disparu. Ce qu’il fallait, c’était détruire une bonne fois pour toutes le nid de la racaille qui avait causé sa mort. C’était la seule manière de faire œuvre utile.

— Suis-moi, dit Twisp. Avec moi, tu ne crains rien. Il est temps d’exercer un peu les muscles zavatariens.

Accompagnant ces mots d’un sourire, Twisp pénétra dans le passage éclairé. Les yeux de Mose n’auraient pas pu s’agrandir davantage. Voyant qu’il hésitait, Twisp posa une large main sur son épaule.

Mose s’avança également dans le passage et le panneau de roc se referma derrière lui avec un snap.

— Je veux que tu te souviennes bien de tout ce que tu vas voir maintenant.

— Oui… l’Ancien.

Mose n’avait pas l’air particulièrement enthousiaste. Son visage déjà cireux de nature était tendu et les cicatrices chirurgicales le long de son cou et à la naissance de ses cheveux brillaient d’un rose furieux. Il ne cessait de tirer sur sa robe et de se tordre les mains tour à tour.

Le silence pesant de cette galerie taillée dans le roc contrastait fortement avec le vacarme continu qu’ils avaient laissé derrière eux dans la caverne. L’éclairage venait d’une source froide, ni trop forte ni trop faible, dont les tonalités vert pâle évoquaient la technologie sirénienne. Comme dans de nombreuses installations de conception sirénienne, les parois se recoupaient à angle droit avec une précision que beaucoup d’Iliens trouvaient désagréable. Cette galerie avait été creusée par une découpeuse de plastacier et, sauf accident survenu ultérieurement, ses lignes étaient parfaitement d’équerre, parfaitement régulières.

Une voix électronique issue du plafond fit sursauter Mose.

— Code de sécurité pour personne accompagnante ?

— Treize, répondit Twisp.

— Avancez.

Ils poursuivirent leur chemin dans la galerie et Mose demanda :

— Où sommes-nous ?

— Tu le verras bientôt.

— Qu’est-ce que c’est que ce « code de sécurité » ?

— Nous sommes obligés de prendre précaution sur précaution. Si tu avais été un ennemi et moi ton otage, cette galerie se serait hermétiquement refermée sur nous. J’aurais peut-être été secouru plus tard, mais ce n’est pas certain. Toi, en tout cas, tu aurais été tué.

Twisp sentit que Mose se rapprochait encore un peu plus de lui.

— Le Quartier central se trouve bien au-dessous de nous, expliqua-t-il au jeune moine. Il est encore plus bas que le fond de la mer.

— Ce sont des Siréniens, alors, qui ont construit tout ça ? demanda Mose.

La galerie tournait abruptement sur la droite et se terminait par un mur nu. Twisp appliqua la paume de sa main droite contre un creux du mur et un panneau s’écarta pour révéler une petite pièce qui n’aurait pas pu contenir plus d’une demi-douzaine de personnes.

— Ce sont des humains, répondit Twisp. Des Iliens et des Siréniens mêlés.

Ils entrèrent et le panneau se referma derrière eux. Twisp prononça un seul mot : « Central », et la petite pièce se mit à tomber avec eux à l’intérieur.

— Oooh ! s’écria Mose en s’agrippant au très long bras de Twisp.

— N’aie pas peur. Ce n’est pas de la magie. Tu vas voir des merveilles, mais elles sont toutes humaines. Nos frères et nos sœurs les connaîtront bientôt eux aussi. Ne t’avais-je pas dit que je te ferais hérisser les fanons ?

Le jeune moine se mit à rire, mais il continua de s’agripper à Twisp durant toute leur descente vertigineuse.

Le Facteur ascension
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